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Le 20 juin dernier, Betty Marcerou, directrice générale de la Banque postale-collectivités locales présentait un bilan 2018 de son établissement très encourageant. En effet, l’année 2018 est marquée par la reprise de l’investissement local, portée principalement par les Maires des petites villes, mais aussi par une évolution des comportements face à l’emprunt. La Banque postale a dû innover tant dans les produits bancaires que dans les outils numériques. Concernant le marché de la dette auprès des administrations publiques locales, la Banque postale a réalisé 7,16 milliards d’euros de prêts, dont 3,2 milliards d’euros pour les seules collectivités. Ce volume, en progression par rapport à l’année dernière, se ventile en 3,6 Mds d’euros de prêts sur le moyen-long terme et le reste sur le court terme. On emprunte aujourd’hui sur 15 ans à moins de 1% et sur 30 ans à moins de 1,5%. Les prêts sont à 90% à taux fixe. Le marché varie peu même si on remarque une sensibilité particulière sur la question des réseaux d’eau, construits pour la plupart dans les années 60 et qui nécessitent maintenant de très gros investissements. Nous constatons une vraie reprise de l’investissement particulièrement dans le bloc communal où elle est portée par les communes de moins de 5000 habitants avec lesquelles nous avons réalisé la moitié du nombre des contrats signés en 2018. Le prêt moyen de cette strate est de 400 000 euros, assez stable pour un prêt moyen global de 1,7 million d’euros. Nous nous posions la question sur la capacité des élus des petites communes à lancer des investissements en cette période incertaine. Aujourd’hui, nous avons la réponse. Ce sont les élus ruraux qui sont à la manœuvre de l’investissement local. Et ils poursuivent leurs efforts en 2019. L’activité constatée sur le premier semestre permet de penser que nous allons atteindre 500 millions d’euros de volume de prêts cette année sur cette strate. Nous sommes très présents auprès du bloc communal, mais moins auprès des départements qui ne représentent plus que 15% des prêts réalisés sur le long terme en 2018. En fait, les départements se décideront sur les derniers mois de l’année en fonction des droits de mutation à titre onéreux ( DMTO ) dont le rythme a encore augmenté de 6% depuis le début de l’année. Quant aux grandes villes, elles restent assez actives, comme Nice qui vient de contracter pour 200 millions d’euros, ou Toulouse pour 70 millions d’euros. Mais cette reprise ne va pas se traduire par une hausse de l’endettement. Nous avons constaté, en fait, que l’encours de dettes se stabilise et actuellement les collectivités empruntent autant qu’elles remboursent. Le recours à l’emprunt va-t-il baisser ? Nous ne le pensons pas, mais il est très difficile de savoir comment il peut évoluer, d’autant que Bercy pousse au désendettement alors que l’autofinancement atteint des records de même que les comptes au trésor qui culminent à plus de 45 milliards d’euros.

Ce niveau record des comptes au trésor s’explique par l’aspect cyclique de sa courbe. Le compte au trésor est alimenté soit par les petites collectivités qui ont des projets qui surviennent souvent en seconde moitié de mandat, soit par des syndicats ayant de gros projets mais peu fréquents. On a donc des courbes qui baissent à partir de N-1 ou N-2. Il semble donc que cette hausse continue des comptes au trésor soit le produit d’une encaisse de précaution par rapport aux incertitudes du mandat prochain, plus qu’une épargne réelle dévolue à des investissements. En ce qui concerne la structure du financement des projets, le rapport autofinancement/emprunt évolue peu. L’autofinancement représente environ 50% du financement d’un projet, tandis que le recours à l’emprunt en représente 30%. Les 20% restants étant généralement subventionnés. Cette stabilité montre que les élus estiment rationnelle la décision d’emprunter dans le contexte actuel. L’objectif de désendettement de 0,6% des collectivités d’ici 2022 nous paraît peu réaliste, avis partagé par ailleurs par la Cour des comptes. Les besoins d’investissements, l’état du patrimoine immobilier et l’arrivée de nouvelles équipes vont plutôt pousser les collectivités à maintenir a minima le niveau actuel de l’endettement. L’incertitude en général et le flou sur la réforme fiscale en particulier pèsent sur la dynamique de la ressource. Mais d’autre part, la structure de l’investissement est en train d’évoluer. D’un investissement choisi de développement, on est en train de passer à un investissement de l’urgence sous la pression de l’électeur/consommateur qui souhaite rapidement le renouvellement d’infrastructures vieillissantes. Les maires se concentrent de plus en plus sur les investissements qui se voient, et, avec la montée en puissance des réseaux sociaux et de certaines applications qui permettent la remontée rapide des problèmes, ils sont de plus en plus souvent sous la prégnance du ” petit quotidien “. En ce qui concerne le rapprochement de la Banque postale avec la CNP, il faut savoir que la CNP détient 40% de l’assurance statutaire. Il nous sera possible désormais de discuter non seulement au directeur financier d’une collectivité pour parler dette locale, mais aussi au directeur des ressources humaines pour évoquer les prêts bonifiés pour les collaborateurs de cette collectivité. Nous aurons demain un ensemble de services à proposer aux élus allant des finances aux assurances. Quels sont les axes de développement ? Le milieu bancaire et les collectivités prennent de plus en plus en compte la dimension “responsabilité Sociale de l’entreprise” ( RSE ) des projets à financer. Les acteurs peuvent revendiquer ce choix citoyen de développement durable. Demain, cela peut être aussi dans les appels d’offres un critère de choix de l’élu que d’opter pour une banque déjà impliquée dans cette démarche RSE. Dans ce contexte, l’endettement induit par ce type de projets RSE pourrait être mieux accepté par les contribuables locaux.