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La comptabilité analytique provient du secteur privé et elle obéit avant tout à des visées économiques et de pilotage. Elle est encore peu répandue dans le secteur public. Pour l’association Finances, Gestion, Évaluation des collectivités territoriales, il n’y a pas, le plus souvent, de comptabilité analytique pure en collectivité, car il n’existe pas de retraitement complet de la comptabilité de base. D’autre part, la comptabilité analytique se développe davantage au niveau du bloc communal et des départements, qui sont dans une situation financière moins confortable, qu’au niveau des régions. La comptabilité analytique est un outil dérivé de la comptabilité générale qui consiste à classer les dépenses de la collectivité selon des familles homogènes et à en analyser le coût total. Elle doit tout d’abord permettre de déterminer les coûts d’un service ( une place de crèche ou de centre de loisirs, un repas à la cantine, un kilomètre de transport en commun … ), d’un bâtiment ( l’entretien, la maintenance, les fluides, les assurances… ), ou d’une politique publique ( le scolaire, la culture, le Social…). Elle a pour objectif d’optimiser le service ou le coût du bâtiment en utilisant les leviers qui auront été identifiés ( amélioration de la commande publique, meilleure organisation du personnel, rénovations technique et énergétique des bâtiments…). Ce calcul de coût peut être temporaire et avoir été initié en vue de la réorganisation d’un service, de la révision d’un tarif…. En 2014, la ville d’Angers, 151 500 habitants, a élaboré un référentiel des coûts des principaux services rendus dans les domaines de l’éducation, des sports et de la culture et s’est basée sur ce référentiel pour réviser les tarifs de ces domaines. Pour exemple, la nouvelle piscine coûte 6,50 euros par entrée qui sont financés à 39% par les contribuables et à 61% par les usagers. D’autre part, la comptabilité analytique permet de mieux planifier la budget. Christophe Michelet, directeur du cabinet de conseil Partenaire finances locales ” nous précise : ” Comme les ressources ne sont pas illimitées, il faut de plus en plus analyser le coût de chaque politique publique pour pouvoir arbitrer. Le temps où l’on construisait les budgets en fonction de ses besoins est révolu, le contrôle de gestion est devenu indispensable “. Et avec le contrôle de gestion, la comptabilité analytique ! Laurent Le Sager, DGS de la ville et de la métropole d’Angers, complète :” Et cela responsabilise les directeurs et chefs de service sur les ressources allouées pour atteindre les objectifs fixés. Cela permettra également d’arbitrer entre un service géré en régie, un contrat de partenariat ou une délégation de service public et de choisir la formule la mieux adaptée. ” Quand on confie un équipement en délégation de service public, disposer d’un prix cible en régie directe facilite la négociation, comme nous l’avons fait pour la nouvelle patinoire.” illustre Franck Gillard, directeur du contrôle de gestion mutualisé de la ville et de la métropole d’Angers. La comptabilité analytique ( 2ème partie ). La comptabilité analytique permet de mieux préparer un budget, d’objectiver des choix, voire d’arbitrer des investissements pluriannuels. Elle permet aussi d’anticiper le fonctionnement dans le cadre de l’étude de la section d’investissement en orientant les choix finaux d’investissement par rapport à leur impact sur la section de fonctionnement. Il faut pour cela que la comptabilité analytique définisse véritablement le coût total d’un bien ou d’un service. Il faut qu’elle traite à la fois les coûts directs liés à la production des biens ou des services, et qu’elle les additionne aux coûts indirects qui, eux ne sont pas liés directement à la production de biens ou de services, mais qui sont liés aux fonctions support ( comme les ressources humaines, les finances, l’administration ou l’informatique…). Un autre atout de la comptabilité analytique, c’est qu’elle permet de communiquer avec la population sur le cout d’un service par exemple. A Issy-les-Moulineaux, 68400 habitants, Haut-de-Seine, entre 2012 et 2014, la municipalité a édité un fascicule en collaboration avec la trésorerie présentant les finances de la commune et plus spécialement le coût des services et équipements tels les médiathèques, ludothèques, gymnases, piscines, crèches, écoles…La question du consentement à l’impôt se pose et communiquer sur les coûts devient un enjeu réel. Une commune qui offre une cantine bio à 70% aura intérêt à prouver par ailleurs qu’elle maitrise les coûts. Enfin, la comptabilité analytique est très utile pour rappeler aux usagers qu’ils ne payent qu’en partie les services qu’ils utilisent, une bonne partie étant payée par le contribuable. D’autre part, la comptabilité analytique permet de mieux répondre aux exigences des partenaires financeurs et subventionneurs. ” Lors de l’épisode de grippe A ( H1N1 ) en 2011, nous avons été l’une des collectivités les mieux remboursées par l’Etat ( 120 000 euros ) pour frais engagés ” assure Franck Gillard. De même, la Caisse d’Allocations Familiales demande des comptes d’exploitation complets et précis des crèches ou centres de loisirs qu’elle subventionne et la qualité des comptes permet d’optimiser les subventions. Enfin, la comptabilité analytique peut avoir un rôle Social. A Eragny-sur-Oise, 17000 habitants, Val d’Oise, la commune a analysé la répartition des quotients familiaux, pour la cantine, par groupe scolaire. Valérie Mora, directrice des finances et du contrôle de gestion, explique : ” Si l’on aspire à plus ou moins de mixité Sociale, il est possible de revoir les tarifs en fonction des quotients familiaux, et c’est ce que nous avons fait “.”