La base minimum de CFE est un levier fiscal souvent méconnu par les collectivités locales, alors qu’il permet de fixer et d’optimiser la cotisation foncière des entreprises d’une partie des contribuables sans nécessairement toucher aux taux. Comprendre ce mécanisme, ses enjeux, ses marges de manœuvre, et son potentiel en matière d’équité fiscale est aujourd’hui indispensable pour tout élu ou technicien en charge des finances locales.
La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) est un impôt local dû par les entreprises et les travailleurs indépendants, calculé à partir de la valeur locative des locaux qu’ils occupent pour l’exercice de leur activité. Toutefois, de nombreuses entreprises disposent de locaux de faible valeur locative, voire n’en occupent aucun (auto-entrepreneurs, professions itinérantes, activités numériques, etc.).
Pour garantir une contribution minimale de ces entreprises au financement du service public local, la loi prévoit une base minimum d’imposition, qui remplace la base réelle lorsque celle-ci est inférieure à un seuil défini.
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Le fonctionnement repose sur un principe clair :
Si la base nette d’imposition réelle d’un établissement est inférieure à la base minimum votée, alors c’est cette base minimum qui s’applique pour le calcul de la CFE.
Exemple :
Une entreprise de service, sans local dédié, génère 28 000 € de chiffre d’affaires. Sa base nette réelle est de 800 €.
Si la collectivité a voté une base minimum de 1 100 € pour cette tranche de chiffre d’affaires, c’est cette dernière qui servira de base imposable.
Avec un taux de CFE de 25 %, elle paiera donc 275 € au lieu de 200 €.
Ce mécanisme ne s’applique qu’à l’établissement principal de l’entreprise. Il ne se cumule pas avec d’autres établissements secondaires éventuels.
Le législateur fixe des fourchettes, mises à jour chaque année (via un décret publié entre mai et juin), dans lesquelles les collectivités peuvent délibérer librement à l’euro près.
Tranche de chiffre d’affaires (HT) | Base minimum (plancher – plafond) |
≤ 10 000 € | 243 € – 579 € |
10 001 à 32 600 € | 243 € – 1 221 € |
32 601 à 100 000 € | 243 € – 2 567 € |
100 001 à 250 000 € | 243 € – 3 801 € |
250 001 à 500 000 € | 243 € – 5 065 € |
> 500 000 € | 243 € – 7 533 € |
La base minimum est multipliée par le taux de CFE en vigueur pour obtenir la cotisation due.
Lire l’article : La cotisation minimum de CFE
Dans plusieurs collectivités, les bases minimum n’ont jamais été actualisées depuis 2009, date de référence par défaut. Résultat : des bases souvent obsolètes, inadaptées, et bien inférieures au rendement fiscal généré ailleurs.
Ce manque d’actualisation est une perte de ressource directe, surtout à l’heure où la CVAE a disparu et où les marges de manœuvre financières se réduisent.
Beaucoup d’élus pensent, à tort, qu’augmenter les bases minimum pénalise les entreprises les plus vulnérables. Mais en réalité, ce sont majoritairement des entreprises avec des chiffres d’affaires significatifs qui bénéficient d’un avantage fiscal, faute de foncier imposable.
Une base minimum bien calibrée permet une répartition plus équitable de la charge fiscale entre les différents acteurs économiques du territoire.
Contrairement au taux, qui est un sujet politiquement sensible, la base minimum peut être ajustée sans modifier les taux d’imposition, ce qui permet :
La délibération fixant les bases minimum doit être votée au plus tard le 1er octobre de l’année N pour une application au 1er janvier de l’année N+1.
💡 Bonnes pratiques :
En l’absence de délibération, ce sont les bases de 2009 qui s’appliquent par défaut, sans lien avec les réalités économiques actuelles.
Un accompagnement mené par Ecofinance sur deux territoires a révélé :
Scénario d’ajustement des bases | Produit fiscal supplémentaire |
Scénario 1 (léger ajustement) | +47 000 € |
Scénario 2 (ajustement médian) | +140 000 € |
Scénario 3 (plafond sur dernières tranches) | +314 000 € |
Ces montants ont été obtenus sans toucher au taux, uniquement par une modulation fine des bases sur les dernières tranches de CA, là où se concentre souvent le potentiel inexploité.
Accéder au replay du webinaire : RVLLP : Une mise à jour en attente, mais des enjeux toujours d’actualité
Non. Une seule délibération bien construite suffit. L’administration fiscale applique chaque année la revalorisation automatique des bases minimum en fonction de l’inflation (taux prévisionnel inscrit en loi de finances).
💡 Conseil : choisissez des montants durables, évitez de « bricoler » chaque année, sauf contexte exceptionnel.
Atout principal | Détail |
Équité fiscale | Réduit les distorsions entre entreprises |
Ressource complémentaire | Jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros de recette |
Facilité d’application | Une délibération unique, revalorisé automatiquement |
Ciblage précis | Concerne uniquement les structures à faible base locative |
Si vous souhaitez aller plus loin, nos consultants sont à votre disposition pour vous accompagner dans vos projets d’optimisation de vos bases minimums :
Dominique Silmon