Le coefficient de localisation est un levier stratégique de fiscalité locale, encore trop souvent sous-utilisé par les collectivités. Pourtant, dans le contexte de la révision des valeurs locatives des locaux professionnels (RVLLP), il permet de corriger les déséquilibres fiscaux qui persistent sur de nombreux territoires.
Entrée en vigueur en 2017, la RVLLP avait pour ambition d’aligner les valeurs locatives des locaux professionnels avec les loyers réellement pratiqués sur le marché. Mais dans les faits, les secteurs tarifaires figés et les déclarations parfois erronées ont créé de nouvelles inégalités, notamment entre zones commerciales dynamiques et centres-bourgs fragilisés.
Alors que la mise à jour des paramètres de la réforme est repoussée à 2027, les collectivités disposent dès à présent d’un outil pour agir localement : le coefficient de localisation, à intégrer dans leur stratégie fiscale avant le 1er octobre 2025.
La fiscalité locale distingue trois grandes catégories de locaux économiques :
Les locaux économiques sont soumis à une évaluation comptable spécifique, leur valeur locative a été divisée par deux depuis 2021. L’État compense cette baisse auprès des collectivités.
Les locaux à barèmes sont évalués de manière forfaitaire par l’État (ex : autoroutes, ports, transformateurs électriques).
Les locaux professionnels (RVLLP) représentent tous les autres locaux à usage économique. Ils représentent 80 à 90 % des locaux économiques. Ce sont eux qui sont concernés par la réforme de 2017.
Ce sont donc les locaux professionnels “classiques” (commerces, entrepôts, bureaux, etc.) qui font l’objet de cette révision.
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La valeur locative est la base utilisée pour calculer la taxe foncière, la CFE et éventuellement la TEOM. Elle est obtenue selon la formule suivante :
Surface pondérée × Tarif au m² × Coefficient de localisation
La surface pondérée représente la découpe de la surface en plusieurs types (zone principale, zone secondaire couverte, non couverte, parkings…). Chaque type a une pondération différente selon son usage.
C’est le tarif au m² défini pour chaque type de local, en fonction d’une catégorie d’activité (ex. magasin de moins de 400 m² = MAG1) et d’un secteur tarifaire (zone géographique regroupant des loyers comparables).
Le coefficient de localisation ajuste la valeur locative en fonction de la situation particulière du local (accessibilité, attractivité, visibilité…).
Exemple : Un local en zone d’activité aura une valeur locative moins élevée qu’un local de centre-ville, alors même qu’il bénéficie d’un avantage géographique avéré.
Par défaut, ce coefficient est fixé à 1. Mais il peut être :
Ce coefficient est défini à la parcelle : il permet une modulation très fine, indépendamment du secteur géographique général, et répond à l’objectif d’équité fiscale posé par le Code général des impôts (article 1498).
Le coefficient de localisation est l’un des trois paramètres techniques utilisés pour calculer la valeur locative révisée d’un local professionnel, aux côtés de la surface pondérée et du tarif au m².
Il agit comme un correcteur de situation, permettant d’ajuster la valeur locative d’un local selon les caractéristiques spécifiques de sa parcelle, au sein d’un même secteur tarifaire.
Deux principales causes :
Résultat : certains locaux paient plus d’impôts, d’autres pas assez, et la collectivité perd des recettes.
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Il permet de :
Il ne s’agit pas d’un outil pour augmenter artificiellement la fiscalité, mais pour la rendre plus juste et cohérente.
C’est un outil stratégique pour rétablir l’équité fiscale sur un territoire.
Regarder la vidéo : Qu’est-ce que la Commission Départementale des Valeurs Locatives ?
Exemple | Erreur détectée | Gains pour la collectivité |
Fast-food avec drive | Mauvaise catégorie déclarée (MAG1 au lieu de MAG4) | +1 450 €/an de taxe foncière |
Commerce de matériaux | Sous-déclaration de la surface utilisée | +6 700 €/an de taxe foncière |
Station de lavage | Mauvaise catégorie et surface oubliée | +2 180 €/an de taxe foncière |
À cela s’ajoutent des recettes de CFE pour l’intercommunalité et de TEOM si applicable.
Lire aussi : Fiche Pratique CCID Commission Communale des Impôts Directs
Regarder la vidéo : La CIID, composition, rôle et obligation
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Dominique Silmon